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de la première église chrétienne qui, sous Zénon, remplaça le sanctuaire idolâtre, mais que bientôt les Samaritains saccagèrent ; et enfin, de la basilique fortifiée que l’empereur Justinien fit élever à la même place et qui dura jusqu’à l’invasion sarrasine. Tout cela aujourd’hui sommeille ensemble, tombé, énigmatique, confondu dans un même silencieux chaos qui ne se démêlera jamais plus. En dehors de ces amas de ruines, gisent de longues dalles ; sans doute les marches du colossal escalier de ce temple païen dont les moines nous ont montré hier l’image, sur des médailles de l’ancienne Neapolis. Et il y a même de grandes « pierres debout » qui rappellent étrangement la Gaule celtique. Elles font penser à ces mystérieux passages de la Bible où Moïse semble avoir conçu nos menhirs et nos dolmens, lorsqu’il dit aux Hébreux : « Dans le pays que le Seigneur votre Dieu vous donnera, vous élèverez de grandes pierres… Vous dresserez là aussi au Seigneur votre Dieu un autel de pierres, de pierres brutes, et non polies 1… » (Deutéronome, XXX, 2, 5, 6.)1 C’est sur le mont Hébal que Moïse prescrit spécialement de dresser ces pierres, et le mont Hébal est en face du Garizim, de l’autre côté de Naplouse ; de là une difficulté à admettre la tradition samaritaine qui voit dans ces menhirs du Garizim les premiers monuments élevés par les Hébreux après le passage du Jourdain.