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blancheurs de Naplouse continuent de descendre à nos yeux dans un recul profond, entre les montagnes de pierres, d’oliviers et d’aloès, dont l’ensemble est d’un bleu cendré comme celui des champs de lin en fleurs. A quatre cents mètres environ au-dessus de la ville, et à huit cents ou neuf cents mètres au dessus du niveau des mers, sur une cime où souffle un air vif et léger, nous trouvons enfin le campement des Samaritains : un amas de petites tentes, dans le genre des nôtres. Hommes et femmes sont dehors, se chauffant au soleil, sur le sol encore détrempé et boueux. Ils ont étendu, pour les faire sécher, leurs tapis, leurs couvertures, leurs coussins et c’est un éclatant bariolage de couleurs. Des enfants se précipitent au-devant de nous et c’est à qui tiendra nos chevaux. L’accueil est aimable et les visages souriants. Le costume des hommes ne se distingue de celui des juifs de Palestine que par un turban rouge. Les femmes, presque toutes jolies, portent des robes en ces indiennes du Levant peinturlurées de fleurs étranges et se coiffent de petits voiles en mousseline d’où retombe par derrière, en deux tresses, la masse de leurs cheveux lourds. Le grand prêtre Jacob, notre ami d’hier, nous offre sous sa tente le café traditionnel avec le narguilé. Au-dessus de sa couchette,