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à la lueur du radieux matin, une étrange et charmante confusion, où l’on ne démêle plus bien lesquelles sont les femmes et lesquelles sont les tombes.A la poursuite des Samaritains, nous nous rendons sur le Garizim, et les montées sont raides, tantôt dans de la terre amollie par les averses, tantôt dans des zones de pierres à peine séchées. L’air a sa limpidité profonde d’après les pluies. De temps à autre, nos braves petits chevaux syriens s’arrêtent pour souffler, pour secouer leurs pendeloques de laine et de perles, puis repartent courageusement, d’un coup de reins décidé, et nous nous élevons très vite. Alors la triste Naplouse, au-dessous de nous, toujours abaissée, redevient peu à peu la ville de Mille et une Nuits, la ville merveilleuse aux dômes et aux minarets blancs ; dans cette vallée de Jacob, où elle est assise parmi les sources jaillissantes et les jardins verts, elle est de tous côtés surplombée par de hautes montagnes en roches pâles, que garnissent surtout des aloès bleuâtres et qui prennent dans l’éloignement des teintes fines et rares. Les sentiers sont tous piétinés par le passage des Samaritains et, autour de nous, les chacals, inquiets de ce qui se prépare d’inusité là-haut, rôdent en plein jour, marchant aplatis et sournois sous le soleil, traînant bas leur grosse queue de renard jaune. Les