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Un personnage en robe de soie rouge, qui est là seul dans la froide pénombre du fond, se lève et vient à nous : c’est le grand prêtre Jacob, homme de la tribu de Lévi. Il a bien la figure qui convient à ses fonctions terrestres, l’étrange et longue figure des races vieillies, quelque chose de juif et quelque chose d’assyrien. Mais, à l’humble empressement de son accueil, on sent tout de suite qu’il est habitué à voir passer les voyageurs modernes et qu’il sait en tirer bénéfice. — En effet, nous dit-il, tout le quartier d’alentour est presque désert en ce moment-ci ; c’est précisément demain le jour de la Pâque manasséenne, où l’on doit immoler, au sommet du Garizim, sept agneaux blancs à Jéhovah ; alors, depuis l’avant-veille, suivant l’immémoriale coutume, ils sont déjà là-haut, les Samaritains ; malgré l’incessante pluie, ils ont dressé leurs tentes sur la montagne sacrée. Lui-même, Jacob, n’est redescendu que momentanément, pour prendre le précieux Pentateuque et certains objets nécessaires à son culte. Ce Pentateuque, dont la présence entre les mains des Samaritains était déjà connue au moyen âge, et suscita, dès le XVII e siècle, des correspondances entre leurs grands prêtres et les théologiens d’Occident, remonte vraisemblablement à l’époque de Manassé (V e