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des croisades. Et toute cette ville nous apparaît comme un vaste ossuaire de débris confondus. Dans notre France si neuve, dans tout notre Occident né d’hier, s’il nous arrive de nous recueillir en présence de ruines romaines, ou même seulement gothiques, on conçoit ce que peut devenir cette oppression du passé en un lieu comme Sichem-Naplouse, dont l’existence est connue dans les annales des hommes depuis près de cinq mille ans… Ce qui est surtout particulier et unique ici, c’est la présence des derniers Samaritains, demeurés fidèles au rite de Manassé. — Et nous nous rendons au quartier qu’ils habitent dans le sud-ouest de la ville, au pied du Garizim, leur montagne sacrée… Les Samaritains, comme on sait, ont pris naissance, en tant que peuple distinct, après la destruction du royaume d’Israël par Salmanazar ; ils sont issus de ces idolâtres amenés de Babel, de Couth, de différents points de l’Assyrie, qui se mêlèrent aux quelques Hébreux demeurés dans la Judée presque dépeuplée. Au retour de la captivité de Babylone, les Israélites refusèrent de les reconnaître comme descendants d’Abraham, et ce fut, entre les deux races, l’origine des sanglantes haines séculaires. Le culte des Samaritains est à peu près conforme à celui des Hébreux primitifs ; ils n’admettent comme