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on ne s’explique plus la construction prodigieuse et où se superposent des pierres taillées de vingt mètres de long, qui, mises debout, seraient hautes comme des tours. C’était le rêve des vieux peuples disparus, de bâtir de telles enceintes — qui, suivant les lieux et les temps, se sont appelées Téménos ou Haram — comme pour fixer là leurs dieux et établir immuablement une sorte de cœur de la patrie. Elles représentent, ces enceintes-là, un des plus anciens et des plus formidables efforts de l’homme pour essayer de durer. Presque toutes subsistent encore, des millénaires après l’anéantissement ou la transformation des races dont elles étaient le naos ; mais leur vieux sol sacré a changé tant de fois de dieux et de maîtres, qu’on ne se rappelle plus les noms des premiers — les noms enfantins et rudes qu’elles étaient destinées à perpétuer… Il y a des vestiges de tous les âges, dans l’acropole immense où nous restons à errer jusqu’à latombée du soir ; les ruines d’une basilique chrétienne, bâtie aux premiers siècles pour purifier ce repaire de Baal, et les ruines d’une citadelle du moyen âge où les Sarrasins avaient patiemment ciselé sur les portes leurs fines et invariables stalactites. Et les murailles, les sculptures, sont criblées de