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énormes tombés des voûtes. Mais presque toute la cella, une grande partie de la colonnade du péristyle et de celle du pronaos subsistent encore. C’est un temple périptère, d’ordre corinthien ; ses corniches, ses frises sont sculptées à profusion avec un goût presque toujours exquis ; des feuillages, des fleurs courent en guirlandes infinies sur ses effroyables pierres : au sommet de ses colonnes gigantesques, les acanthes de Corinthe se contournent comme de grandes plumes élégantes. A la voûte du péristyle, on voit encore des figures de dieux, de déesses ou d’empereurs que les Sarrasins ont à demi effacées en les criblant de balles. Le portique, aujourd’hui déséquilibré et menacé d’une chute prochaine, a dû être une rare merveille  ; il a de douze à quinze mètres de haut et il est encadré d’un admirable amas de feuillages, de volutes, de guirlandes que soutiennent des génies ailés ou des aigles orientales… Et le temple tout entier, malgré son délabrement extrême, porte encore au recueillement profond, éveille encore le sentiment du grand mystère… Pour nos âmes modernes, tant altérées d’une foi, d’une espérance qui s’enfuient, il y a d’ailleurs un surcroît de trouble à constater que le dieu chimérique d’ici, dont le nom est aujourd’hui pour faire sourire, a pu avoir en son temps de tels sanctuaires solennels,