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habitée par vingt mille Turcs et un millier d’infidèles, tant chrétiens que samaritains ou juifs. Comme Hébron, comme Gaza, elle remonte à des âges presque légendaires ; cependant elle a, par exception, conservé un aspect de vie, qui surprend dans ce pays de ruines et de sépulcres. Frondeuse et révoltée à toutes les époques de l’histoire elle demeura intraitable aux chrétiens jusqu’au commencement de notre siècle, à tel point que les pèlerins du Nord, en passant, l’évitaient par de longs détours. Aujourd’hui, elle n’a pas cessé d’ailleurs d’être réputée pour sonfanatisme inhospitalier. A l’entrée de Naplouse, sous l’averse incessante, nous frappons à la vieille porte des moines latins, qui nous accueillent aimablement dans leur grand couvent délabré et solennel. Nous encombrons les cloîtres de nos cantines et de nos tentes mouillées, tandis que les Pères s’empressent à nous faire du feu, à nous commander des soupes chaudes. Puis, dès que nous sommes un peu réconfortés et séchés, nous sortons du monastère pour nous enfoncer, aux dernières heures du jour, dans le labyrinthe des rues sombres. Si, de loin, Naplouse paraît une ville fraîche et