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dans l’acropole, parmi les grandes ruines, sur une sorte d’esplanade vaste comme une ville, où gisent pêle-mêle des débris d’édifices surhumains ; on est au milieu d’une confusion de choses trop magnifiques, ruinées, penchées, renversées — toutes de proportions si immenses qu’on ne comprend ni comment les hommes ont pu les créer, ni comment, après, le temps a pu les détruire ; d’incomparables murailles sculptées sont encore debout et des colonnes absolument géantes se dressent dans le ciel, soutenant en l’air des lambeaux de frise. Tout cela était d’une beauté et d’une puissance que nous ne connaissons plus ; tout cela était bâti en blocs monstres qu’on avait appareillés et rangés avec une symétrie merveilleuse ; des monolithes égaux, de douze ou quinze mètres de hauteur, formaient les montants superbes des portes ; des masses, que toutes nos petites machines modernes arriveraient à peine à remuer, hissées effroyablement les unes par-dessus les autres, composaient les linteaux, les corniches ou les voûtes. Auprès de telles choses, toutes les constructions dont nous sommes orgueilleux, nos palais, nos forteresses, nos cathédrales, semblent des œuvres mesquines et passagères, faites de cailloux, de miettes assemblées. Devant ces travaux de Titans, on est oppressé par la conscience de son infime petitesse, par le sentiment