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ensuite délaissée, rendue au plein vent, aux herbes, aux ronces ; — des brebis et des ânons y broutent ce soir, sous les arceaux magnifiques. Puis, au milieu de frais ruisseaux, dans un bocage de peupliers où jadis les nymphes devaient venir, les restes d’un temple de Vénus, qui a les lignes courbes, les guirlandes, les coquilles, toute la grâce un peu maniérée et féminine de notre XVIII e siècle occidental. Enfin, pénétrant au cœur de l’oasis, dans les grands vergers à l’abandon, traversant des ruisseaux et des éboulements de pierres, nous atteignons le pied des grandes ruines. Elles se présentent à nous, dans leur énormité écrasante, sous l’aspect d’une citadelle de géants, de tous côtés murée et sans ouverture, nulle part. Ce sont les premiers Sarrasins qui ont fait de cette acropole des dieux, jadis accessible à tous par des escaliers de marbre, une imprenable forteresse, en détruisant les marches, en murant les propylées et toutes les issues secondaires. On entre là aujourd’hui par une vieille porte ferrée et basse qu’un gardien turc vous ouvre au prix d’un medjidieh par tête, et qui paraît ne donner accès que dans les souterrains de l’acropole. Ce seuil franchi, on est, au milieu d’une obscurité