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Baalbek de nos jours : quelques maisonnettes, les unes arabes, les autres semi-européennes ; tout cela si pauvre et si petit, village de nains sous les pieds des grands temples silencieux ! Les lacets par lesquels nous descendions aboutissent à à une voie carrossable, qui court dans la plaine et qui vient de Beyrouth. Par là, nous nous en irons demain, en deux étapes, jusqu’au navire qui nous emportera ; de l’instant où nous avons mis pied sur cette route facile, c’est donc fini pour nous des sentiers de Palestine et de Syrie, ou des battues, des pistes du désert auxquelles nous nous étions habitués depuis notre départ d’Égypte. A l’entrée de Baalbek, deux ou trois campements de bandes Cook ; des petits hôtels levantins ; une horrible école anglaise à toit rouge, et des voitures qui arrivent, amenant des touristes aux grandes ruines — aujourd’hui prostituées à tous. Sans descendre de cheval, nous passons devant nos tentes déjà montées et nous traversons la Baalbek contemporaine, pour nous rendre, avant la tombée du crépuscule au temple du Soleil. Deux choses en chemin nous arrêtent. D’abord une grande mosquée qui fut construite avec des débris de temples ou d’églises, avec des colonnes disparates, de tous les marbres, de tous les styles ;