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tamisent les branches fraîchement feuillues ; ils ont revêtu leurs habits de fête, des vestes bleues ou rouges, à longues manches, entièrement brodées d’or — tout ce qu’il y avait, à des lieues à la ronde, de beaux costumes gardés au fond des coffres, dans les hameaux en terre séchée. Des hommes tirent des coups de fusil en l’air ; d’autres frappent en chantant sur des tamtams énormes. Les mariés sont assis au centre : deux enfants, ces mariés ; elle, quinze ans tout au plus ; lui, encore imberbe. Brodés et dorés comme les gens de leur cortège, ils se tiennent très près l’un de l’autre, confus et naïfs, rouges de timidité et de soleil. Tous deux portent leur fortune sur leur front ; lui, autour de son tarbouch ; elle, autour de son voile, des guirlandes de pièces d’or. Et tant de belles têtes d’hommes à grandes moustaches se lèvent vers nous, tant de délicieuses figures de jeunes femmes, aux yeux presque trop longs et trop noirs !… Plus loin, nous descendons au fond de l’éden pour prendre le repas du milieu du jour, sous une treille, devant une petite auberge où l’on nous fournit des narguilés. C’est en face d’un vieux pont romain qui traverse la mince rivière. Pendant nos heures de