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fèves, les blés, les fleurs ; nous voyons de près les toits des villages, et, autour des fontaines, les groupes de femmes et les groupes d’enfants, qui lèvent vers nous leurs beaux yeux. Toute la vie s’est localisée là, en bas, dans cette fraîcheur et cette nuit verte, et le reste du pays est en pierrailles, en roches abandonnées que le soleil dévore. — Oh ! les exquis visages de jeunes filles, relevés de temps à autre vers nous, d’une fenêtre, d’un jardin ou d’une terrasse, au bruit du trot de nos chevaux… Vers midi, une fusillade dans le lointain. Elle part d’un village au-dessus duquel nous allons arriver bientôt. Et il y a aussi des voix humaines qui chantent en chœur, et une musique de puissants tamtams, dont les coups sont frappés trois par trois, suivant un rythme lent… C’est une noce, que nous verrons à vol d’oiseau comme nous voyons tout ce qui se fait dans la vallée. Passant à une dizaine de mètres au-dessus d’une petite place que bordent des maisonnettes de terre carminée, nous ralentissons notre marche pour regarder. A côté d’une fontaine jaillissante, sur un sol trop rose, sous des arbres trop verts, tous les habitants des environs — deux ou trois cents Syriens et Syriennes — sont groupés en cercle, au soleil que