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Nous éloignant de plus en plus des lieux saints — dont nous sentons déjà, hélas ! l’image s’effacer — nous allons remonter vers le Nord, dans le pays des Gentils, jusqu’aux ruines colossales des temples du Soleil ; puis, nous gagnerons Beyrouth, où notre pèlerinage s’achèvera. Toute la journée, nous suivons le cours de cette rivière qui apporte à Damas ses eaux vives et s’en va se perdre au levant dans les « Lacs des Prairies ». Nous avons d’abord, durant les premières heures, la route carrossable qui va à Beyrouth et à la mer ; puis, des chemins difficiles, aux flancs d’une profonde vallée dans laquelle la rivière s’encaisse et devient invisible sous des voûtes de verdure. Nos sentiers passent à mi-montagne à travers un pays tourmenté, desséché, désert, d’une monotone couleur d’ocre rouge, tandis que, au-dessous de nous, l’étroite et interminable vallée que nous longeons est un fouillis d’arbres, d’herbages, d’un vert printanier très éclatant — où ilse fait, comme à Damas, une éternelle musique d’eaux courantes, de ruisseaux ou de cascades. Nous sommes tantôt plus haut, remontés dans l’aridité absolue, ocrée et brûlée, tantôt plus bas, au niveau des feuillages des arbres ; nous distinguons alors tout ce qui pousse à leur ombre, les orges, les