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Damas vers la fin de juillet ; le pacha de la ville, qui porte le titre officiel de « chef de la caravane sacrée », sortira à sa rencontre, et les marchands des bazars iront l’attendre à deux ou trois jours de route, dans le désert du Haouran, pour acheter aux pèlerins les marchandises rares qu’ils ont coutume de rapporter du Sud extrême. Aujourd’hui, jour cependant quelconque pour la Damas musulmane, ce faubourg de Meïdan est rempli, à son ordinaire, de visiteurs singuliers : des paysans Druzes, offrant leurs céréales ; des Kurdes amenant leurs troupeaux de moutons ; des Bédouins d’un type qui nous est inconnu ; et, l’air inquiet, effarouché, mauvais, des chasseurs de gazelles venus des solitudes du Levant, armés de lances très longues, demi-nus sur des chevaux maigres. Revenus en ville au galop de notre attelage, nous visitons jusqu’au soir des caravansérails, des bibliothèques et encore des mosquées. Puis, des tombeaux vénérés, où dorment les grands morts de l’Islam : dans un cimetière de l’Est, celui d’un Abyssin, célèbre jadis pour la sainteté de sa vie et la beauté de sa voix, que le Prophète avait attaché comme muézin à sa propre personne ; près de la mosquée des Ommiades, au milieu d’une bibliothèque de