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dissimulé comme à plaisir au milieu de l’immense labyrinthe des rues. Des merveilles de l’art arabe, des arcades toutes frangées de stalactites, des fontaines, des mosaïques, des faïences sont mêlées à des décombres, enchevêtrées avec des débris des époques antérieures, greffées sur d’informes ruines antiques qui vont se perdre en dessous, dans les profondeurs du sol : un chaos plein de surprises, plein d’énigmes, et où doivent dormir d’étonnantes choses enfouies.

En compagnie de l’obligeant pacha qui nous guide, toute l’après-midi nous circulons là dedans trop vite, obligés à de continuels détours pour éviter des rues étroites où ne passerait pas notre voiture menée au galop. Tantôt nous sommes dans les silencieux quartiers où se cachent, derrière les murs misérables, des jardins, et des habitations féeriques. Tantôt nous retraversons l’étourdissante clameur des bazars.

Bazar des libraires, bazar des ferblantiers, des tourneurs, des marteleurs de cuivre ; bazar des marchands de narguilés, ou bazar des céréales. Bazar des cordonniers, peut-être le plus coloré de tous : ruelles couvertes et demi-obscures, où les murailles disparaissent sous des chapelets de babouches aux nuances étonnantes brodées d’argent et d’or. Constamment il faut ralentir en criant gare, dans les foules trop serrées, sous l’oppressante, pénombre des