Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

blancs, les femmes au joli visage, enveloppées de ces voiles qui partent du front et tombent jusqu’aux babouches. Et, comme pour les fêtes de mariage, les hommes, les petits garçons tirent des coups de fusil au vent, en signe de réjouissance. A l’intérieur, elle est toute blanche aussi, la basilique ; très riche, très claire, pleine de rayons de soleil ; le fond, l’iconostase entièrement en marbre blanc. Elle s’emplit peu à peu de la foule bigarrée et brodée qui étincelait dehors ; chacun, homme ou femme, Arabe ou Grec, tenant à la main un cierge acheté devant la porte. Et enfin commence le grand spectacle attendu, l’entrée rituelle du patriarche coiffé de la tiare bizantine, figure archaïque à longue barbe grise, que suit un long cortège de prêtres en robe de drap d’or. Il s’assied sur son trône et on l’encense — scène des vieux temps ressuscitée dans de la lumière éblouissante, sans ce mystère de demi-ténèbres au milieu duquel nous avons coutume de nous représenter les choses passées. Puis les cierges les plus proches s’allument à celui du patriarche ; on se passe de main en main cette flamme sacrée et l’église s’emplit de milliers de petits lumignons rouges, presque sans éclat sous le soleil de deux heures ; et les coups de feu précipitent