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foule joyeuse en habits des grands jours — et cela surprend, au milieu de cette ville musulmane, de retrouver quelque part le dimanche, et le dimanche de Pâques. Un certain mélange de costumes européens, hélas !… Des hommes en redingote, n’ayant plus de Levantin que le fez rouge. Des jeunes femmes qui seraient ravissantes en Orientales, un peu ridicules dans des essais de toilettes modernes : mais le plus grand nombre, Dieu merci, encore enveloppées du long voile des chrétiennes de Syrie, une rose naturelle ou une touffe de jasmin dans les cheveux, s’avançant vers l’église en groupes recueillis, d’un aspect hiératique. Dans les petites rues inondées de soleil, entre les petits murs de terre colorée que dépassent des branches de rosiers en fleurs, s’en vont gaîment les familles parées pour la fête et, en suivant au hasard les gens qui passent, on est sûr d’arriver à la basilique, sans se perdre dans le labyrinthe rose. Elle est grande, neuve et blanche, la basilique des chrétiens de Damas ; dans un préau qui l’entoure, s’agitent des gens de tous les costumes et de toutes les religions ; des grecs, des latins, des turcs, des bédouins ; des burnous de laine et des vestes brodées d’or ; une foule où dominent les gracieux fantômes