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qui décorent les murs des palais de l’Algérie ou du Maroc et qui sont en général de fabrication italienne du XVII e ou du XVIIIe siècle. Dès l’entrée, on les voit apparaître, ces faïences d’autrefois ; sous les vénérables arcades des cours, au milieu des blancheurs mates de la chaux, elles forment çà et là de grands panneaux d’un coloris inimitable ; le plus souvent elles représentent, au milieu d’une sorte de portique festonné comme ceux des tapis de prière, d’étranges fleurs groupées d’une manière rigide, presque hiératique. Et, dans l’intérieur silencieux des mosquées, dans la pénombre des vitraux épais, on les retrouve encore, éternellement fraîches, parmi les mosaïques plus éteintes ou les broderies décolorées. Toujours pleines de fidèles en prières, ces mosquées de Damas ; constamment des hommes y viennent s’agenouiller sur les vieux tapis précieux, avec une humilité simple et profonde. Quelques-unes sont peu accessibles et peu connues, et ceux qui y prient ne lèvent même pas la tête vers nous, ne croyant point encore aux visiteurs étrangers. Elles donnent, celles-là, de pures impressions d’Islam, des apaisements résignés qui se mêlent inexplicablement à des tristesses sans bornes…