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Un pacha infiniment distingué — qui parle français et qui veut bien me savoir gré d’avoir affirmé dans quelques livres mon attachement à sa patrie — se constitue notre guide pour les mosquées, sa présence et nos costumes nous facilitant l’accès dans toutes. Damas qui, sur ses cent trente mille âmes, a bien quatre-vingt-dix mille musulmans, renferme environ deux cent cinquante mosquées où se murmurent de continuelles prières. Mais la grande et la célèbre, celle des Ommiades, qui avait treize siècles, qui était une des merveilles de l’Orient, a pris feu l’an passé et n’est plus qu’un amas de ruines. Il est d’usage de quitter ses babouches dès la première porte de ces sanctuaires, et de ne s’avancer que pieds nus sur les dalles de marbre des tranquilles cours, où, du matin au soir, tant de turbans se tiennent inclinés dans le recueillement et le rêve. Le luxe de ces mosquées consiste surtout dans leurs céramiques, qui sont sans prix aujourd’hui :vieux carreaux de Damas que, depuis bientôt quatre cents ans, on ne sait plus faire et qui sont devenus des choses presque sacrées — tellement que les étrangers n’ont même plus le droit d’en emporter les débris achetés à prix d’or dans les bazars. Auprès de ces faïences-là, on trouve laides et vulgaires celles qui s’emploient dans le Moghreb, toutes celles