Page:Loti - La Galilée, 1896.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée

anciens remparts se voient encore ; mais elle communique en toute liberté, par des centaines de rues ou de chemins, avec les verdures de son oasis. Elle a des jardins particuliers — des jardins publics aussi, pleins de buissons de roses, avec des ruisseaux toujours rapides et clairs, avec des petits kiosques pour le café et des divans rouges groupés à l’ombre ; et les femmes viennent là s’asseoir, écouter bruire l’eau précieuse, fumer le narguilé favorable aux songes, ou bien causer et rire : presque toutes jolies d’ailleurs, celles qui se laissent regarder, chrétiennes ou juives, le voile tombé jusqu’à l’épaule, les cheveux piqués de fleurs de jasmin, et un lourd collier d’ambre sur la gorge. Damas est bien en effet la ville gaie qu’elle nous avait paru dès l’abord. On a beau la savoir fanatique à ses heures, on y sent à peine l’oppression charmante et sombre de l’Islam ; si elle est encore reine orientale, c’est surtout par le coloris et la diversité de ses costumes, éclatants sur le rose de ses murs et sur le vert de ses bois. Elle est ouverte, sans cesse animée de va-et-vient, de caravanes, de transactions et de bruit. Et ses rideaux d’arbres lui cachent la désolation des grands déserts.