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Et des voitures s’en vont ventre à terre au milieu de tout ce monde ; des cavaliers se débattent, le manteau au vent, sur des chevaux rétifs ; on se gare comme on peut des coups de tête et des ruades. Des caravanes aussi passent, en files lentes et toujours solennelles ; ou bien de pompeux chameaux pour dames de harem, enguirlandés de perles des pieds à la tête, et portant sur le dos ces édifices légers qui les font ressembler à des papillons gigantesques. Et dans l’encombrement étrange circulent, avec leurs cris d’appel, des petits marchands de limonade glacée, portant leur boisson dans un baril de verre orné de pendeloques en cuivre ou en perles, et faisant claquer, avec un bruit de cymbales, leurs bols de faïence pour attirer les buveurs. Çà et là, des boutiques de fleurs s’improvisent par terre ; bouquets qui embaument, composés bizarrement d’orangers et de soucis ; petits jasmins ou petits rosiers tout fleuris dans des pots. Autour des vendeurs, les femmes stationnent — et quelque clair rayon de soleil filtre des voûtes, des toitures de bois, pour tomber, au milieu de tant d’ombre, sur les voiles lamés d’or des acheteuses ou sur leurs touffes de roses… Et il faut voir, parmi ces foules charmantes, les