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avant de nous éloigner, les informes ruines qui gisent encore autour de nous, confondues avec les rochers et la terre. Béïtine (ou Béthel), c’était la Luza de la Genèse, dont Jacob changea le nom à la suite d’un songe pendant lequel cette insondable prophétie lui avait été faite, comme à Isaac son père : Toutes les nations de la terre seront bénies en Celui qui sortira de vous. Dans la suite des âges, Béthel eut ses moments de grandeur ; l’Arche de l’Alliance y fut quelque temps déposée dans un sanctuaire de Jéhovah, et plus tard Jéroboam y construisit un temple du Veau d’or. Aujourd’hui, ses débris se voient à peine et son nom est presque oublié ; dans une région abandonnée des hommes et des arbres, elle est le gîte d’une cinquantaine d’Arabes laboureurs aux allures sauvages. Nous cheminons trois heures encore, dans des sentiers où nos chevaux ont parfois de l’eau jusqu’aux genoux.Le pays demeure pareil : toujours des orges et toujours des pierres [pierrres], des pierres surtout, lavées à grande eau et dangereusement glissantes sous nos pas ; des étendues blanchâtres, des étendues grises, de mornes horizons vides où se promènent des nuages noirs. Au crépuscule, tout cela se fait plus