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pompeux d’autrefois, — et les Turcs, ses maîtres d’aujourd’hui, l’appellent encore « perle et reine d’Orient, paradis du monde ». D’après les traditions rabbiniques, elle fut fondée, à d’imprécises époques entourées de nuit, par Our, arrière-petit-fils de Noé. Tributaire, puis rivale de Jérusalem, elle était déjà séculaire plusieurs fois quand elle eut une première apogée indépendante, il y aura tantôt trois mille ans ; elle déclina ensuite, en devenant assyrienne sous Téglath-Phalasar (733 ans avant Jésus-Christ), et enfin, après des vicissitudes et des tourmentes sans nombre, elle était romaine — avec une superbe voie droite plantée de colonnes comme Samarie et Palmyre — quand saint Paul y vint prêcher l’Évangile nouveau. De très bonne heure, elle fut chrétienne en même temps que Byzance et vit s’élever dans ses murs cette somptueuse église de Saint-Jean qui devait plus tard devenir la mosquée des Ommiades ; mais elle tomba, comme l’Empire grec, aux mains des musulmans, quand ceux-ci, dans un essor admirable, prirent la tête du mouvement humain ; capitale alors du sultan Mohawiah, elle devint une Damas différente et se couvrit de palais, de mosquées, de fontaines où miroitaient des céramiques exquises. Supplantée bientôt par Bagdad, elle passa successivement au