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Nos alentours sont âpres et dénudés. Derrière nous, sur des pierres plus hautes, les groupes des gens de Kefr-Haouar se tiennent immobiles ; leurs maisonnettes de boue s’étagent au-dessus d’eux, et les neiges des sommets couronnent cet ensemble farouchement triste. Nous regardons au fond des lointains, guettant des yeux tout ce qui a l’air de s’y mouvoir. Une fois, c’est un cavalier du pays qui s’en revient de Césarée ; ou bien des troupeaux qui rentrent ; mais nos mules continuent à ne point paraître. Près du hameau, gisent les ruines d’un temple énigmatique, attribué aux Romains par certains archéologues, et par d’autres, aux Grecs Séleucides. Il y a aussi, dans un repli des terrains pierreux, une sorte de petite oasis septentrionale, un peu d’eau parmi de frêles peupliers qui commencent à peine à verdir. Le jour s’en va ; les neiges éteignent leur blancheur dans des bleuâtres glacés et morts, sous un ciel rose. Une chouette discrètement jette un premier petit « Hou ! » comme un signal, et bientôt, de tous les côtés de la solitude, les autres se mettent à chanter. Enfin, enfin voici poindre notre caravane, après douze heures de route !