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ogivales, la Césarée-de-Philippe ressemblerait presque à certaines vieilles villes fortes du midi de la France, si ce n’était ce délabrement suprême, cet air de mort au milieu de la vie si fraîche et si puissante des sources. Au dedans, presque rien ; les huttes de boue des fellahs, greffées sur les ruines, avec un peu de chaux blanche, par place un peu de peinturlure orientale ; quelques Arabes drapés de laine, quelques femmes en robes de fraîche couleur, se tiennent assis à l’ombre ; on sent l’odeur exquise des orangers des jardins. Nous traversons la ville à cheval, car nos tentes sont au delà, dans un champ. La porte que nous allons prendre pour sortir est sanctifiée par la sépulture d’un cheikh très vénéré en Islam ; contre les remparts, dans un recoin ombreux, c’est un tombeau que recouvrent de vieilles étoffes, lavées et déteintes à la pluie ; un arbre séculaire étend par-dessus sa pesante ramure sombre, d’où pendent des lambeaux de robes et de burnous, accrochés là, en hommage au cheikh enseveli, par des passants pieux. La porte sarrasine, presque inquiétante à franchir à cause de sa voûte brisée qui menace les têtes, est suivie d’un pont également sarrasin, qui traverse le plus bruyant et le plus beau des torrents d’alentour,