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où peut-être un regret se mêle pour tant de belles formes humaines évanouies, elle fait mieux concevoir l’esprit des vieux cultes de la beauté et de l’amour… La grotte, à présent, doit servir de refuge habituel aux bergers et aux menus troupeaux, car elle est remplie de ce fumier spécial que laissent les moutons ou les chèvres. A côté de la grande entrée, dans les roches, sont taillées des niches votives, espèces de petites fenêtres d’un dessin antique. Et là, des inscriptions grecques ont résisté aux Juifs, aux Sarrasins, aux Croisés, à tout le cours du torrent humain ; on peut encore y lire, entre autres mots plus confus, ceux-ci qui troublent et donnent le vertige des siècles : « Un tel, prêtre de Pan » ! Pour arriver à ce fouillis délicieux d’arbres et de fleurs, où Césarée sommeille au bruit de ses grandes eaux, il faut passer et repasser des torrents furieux qui bouillonnent alentour ; les ponts, de l’époque romaine ou de la plus vieille époque sarrasine, jamais réparés, sont pleins de crevasses, dangereux et croulants ; nos chevaux y marchent avec hésitation, effrayés par toutes ces musiques de cascades. Avec ses remparts, ses mâchicoulis, ses portes