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VII 
Lundi, 24 avril. Au matin, le soleil se lève pour nous seuls, rose et splendide sur. un désert de roseaux ; endormis avec le sentiment de ces milliers d’hommes à couronnes noires, qui s’agitaient dans nos alentours, nous sommes surpris de nous éveiller au milieu d’une mer d’herbages qui paraît vierge comme au commencement du monde ; toutes ces tentes bédouines, que leurs feux trahissaient dans l’obscurité, semblent s’être évanouies au plein jour, cachées qu’elles sont à présent sous les joncs et les fenouils, redevenues aussi négligeables que les nids des insectes ou des oiseaux. Il y a de grands étangs tout couverts de nénuphars, des régions de fleurs jaunes, comme des marbrures d’or sur le vert des plaines, et de longs rideaux de papyrus dont on voit trembler au vent