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mangeant dans un coin leurs miettes d’aumône. À ce moment, s’inquiétaient-ils de quelque chose de profond et d’éternel, pour avoir cette expression d’angoisse répandue sur leurs masques morts ? Qui sait ce qui se passait au fond de ces vieilles têtes japonaises ? Peut-être rien !… Ils luttaient simplement pour tâcher de continuer de vivre ; ils mangeaient, au moyen de leurs petites baguettes de bois, en s’entr’aidant avec des soins tendres ; ils s’enveloppaient pour n’avoir pas trop froid, pour ne pas laisser la rosée se déposer sur leurs os ; ils se soignaient de leur mieux, avec le désir d’être en vie demain et de recommencer, l’un roulant l’autre, leur même promenade errante…