qui faisait ses débuts, voulait tout briser. Ils étaient deux Indiens, pour mener le mauvais attelage, renouvelé sans cesse, l’un qui tenait les rênes, l’autre toujours prêt à bondir à la tête des chevaux dans les moments graves. Un troisième sonnait de la trompette, pour écarter de notre passage les chariots lents traînés par des zébus, ou bien quand nous traversions les villages enfouis parmi les cocotiers. — On nous avait promis l’arrivée pour huit heures, mais les averses qui ruisselaient toujours augmentaient constamment notre retard.
Vers le soir, les villages s’étaient faits plus rares et la forêt plus dense. Nous avions fini de voir passer les petits défrichements humains — oh ! si petits et si perdus dans la toute-puissance des arbres ! — et notre sonneur de trompette n’avait plus besoin de jouer pour personne.
Les palmiers avaient définitivement disparu. À partir du déclin du jour, on eût dit, dans un éternel été, quelque région solitaire de nos campagnes d’Europe, avec des futaies plus magnifiques, il est vrai, et de plus prodigieux enlacements de lianes ; un cactus arborescent, de temps à autre, venait aussi rappeler l’exotisme du lieu, ou bien un grand lis rouge aux pétales échevelés ; ou encore un papillon extraordinaire traversait la route, poursuivi par un oiseau trop éclatant aux couleurs inconnues. Mais l’illusion vous reprenait ensuite, l’illusion de nos campagnes et de nos bois.