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I

LA CITÉ ENSEVELIE[1]


Et maintenant c’est l’Inde, la forêt, la jungle.

Et le jour se lève pour moi sur un monde de branches et d’herbages, sur un océan d’éternelle verdure, sur un infini de mystère et de silence, déployé à mes pieds jusqu’aux lignes extrêmes de l’horizon.

Du haut d’une colline, qui surgit comme un îlot dans la plaine, je regarde s’éclairer la muette immensité verte. C’est l’Inde sous ses voiles de nuées, c’est l’Inde, la forêt, la jungle ; c’est, au centre de la grande île de Ceylan, le lieu profond de la paix, que protège encore de tous côtés l’inextricable enlacement des arbres ; c’est la place où, depuis deux mille ans, la ville mer

  1. C’est la traduction littérale du nom qu’on lui donne dans l’Inde. Anuradhapura fut détruite au commencement de notre ère par la grande invasion malabare.