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VIII

VENISE EN TENUE DE GUERRE

19 août 1917.

C’est par les lagunes cette fois et dans une mouche de la Marine militaire italienne, que j’aborde cette Venise merveilleuse, pour moi pleine de souvenirs.

La journée est lourdement brûlante et ces lagunes, où nous glissons comme sur de l’huile, ont l’air d’être pâmées de chaleur. Quand Venise se dessine au loin, rougeâtre sur tout ce bleu, qui est aujourd’hui luisant et comme fané, Venise baignée et pour ainsi dire noyée dans l’eau tiède, elle me paraît moins belle que jadis. C’est que, devant les dômes et les campaniles, montent une quantité de tuyaux d’usine, qui n’y étaient pas, ou dont je ne me