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tendre des mots japonais sortir de la bouche de ces danseuses modernisées. Jusqu’ici, je n’avais employé cette langue qu’à Nagasaki, avec des petits bourgeois, des marchands, des gens du peuple, tous en longue robe de magot. Avec ces femmes en toilette de bal, je ne trouve plus mes expressions.

Afin de me mettre à la hauteur, j’essaie d’employer les formes élégantes et les conjugaisons honorifiques en dégosarimas. (Pour les gens de belles manières, il est d’usage, entre autres préciosités, d’intercaler dégosarimas au milieu de chaque verbe après le radical et avant la désinence : c’est d’un effet bien plus pompeux que notre misérable imparfait du subjonctif français.) Et ici, naturellement, ce dégosarimas, on l’entend partout ; — il est la dominante des conversations si extraordinairement polies qui bourdonnent dans ce bal, avec des ris légers.

Mon japonais les étonne ; elles n’ont pas coutume d’entendre les officiers étrangers s’essayer à parler leur langue, et elles mettent à me comprendre toute la bonne volonté possible.

La plus gentille de mes danseuses est une petite personne en rose éteint avec bouquets pompadour, — quinze ans au plus, — la fille d’un de nos plus brillants officiers du génie (une demoiselle Miogonitchi ou une Karakamoko, je ne sais plus bien). Encore très bébé, et sautant de tout son