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avec plusieurs danseuses, leurs parentes ou leurs amies : — Permettez-moi de vous présenter à mademoiselle Arimaska,ou Kounitchiwa,ou Karakamoko, la fille d’un de nos plus vaillants officiers d’artillerie,ou la sœur d’un de nos ingénieurs les plus distingués (sic). — Ces demoiselles Arimaska, ou Kounitchiwa, ou Karakamoko, sont en robe de gaze blanche, ou rose, ou bleue, mais ont toutes la même figure : un petit minois comique de chatte, bien rond, bien aplati, avec des yeux bien retroussés en amande qu’elles roulent de droite et de gauche sous des cils chastement baissés. Au lieu de ce fagotage et de ce bon maintien, elles seraient si mignonnes en Japonaises, en mousmés, avec des éclats de rire !

Elles tiennent à la main d’élégants carnets de bal, nacre ou ivoire, sur lesquels je m’inscris gravement pour des valses, des polkas, des mazurkas, des lanciers. Mais comment les reconnaîtrai-je, les demoiselles Arimaska des demoiselles Karakamoko, et les Karakamoko des Kounitchiwa, quand il sera temps de venir les prendre, aux premières mesures de la danse promise ? Cela m’inquiète beaucoup, tant elles se ressemblent toutes ; vraiment je vais être très embarrassé tout à l’heure au milieu de cette uniformité de minois…

Elles dansent assez correctement, mes Nippones en robe parisienne. Mais on sent que c’est