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le blason familial, les armes de la noble dame.) Ce qu’il y a de plus inimaginable chez ces femmes, assurément c’est la coiffure. Les beaux cheveux noirs, lissés, gommés, étalés sur je ne sais quelle charpente intérieure, s’éploient autour du petit visage jaune et mort, comme une large roue de paon, comme un large éventail ; puis toute la masse soyeuse se replie brusquement, avec une cassure de bonnet égyptien, retombe à plat sur la nuque, et s’amincit en catogan, finit en queue. Il en résulte des têtes tout en largeur, comme les corps ; cela accentue davantage l’écrasement des profils, de même que ces vêtements raides exagèrent le manque de saillie des hanches et des poitrines. On dirait des personnes échappées d’entre les feuillets de quelque vieux livre, où on les aurait conservées pendant des siècles, en les aplatissant comme des fleurs rares dans un herbier. Laides peut-être, — encore n’en suis-je pas sûr, — laides, mais souverainement distinguées, et ayant un charme malgré tout. L’air assez méprisant pour cette fête qui tourbillonne autour d’elles, gardant un sourire énigmatique dans leurs yeux à peine ouverts, toutes vont s’asseoir ensemble à l’écart, dans un des salons latéraux, et forment, au milieu de ce bal, un groupe d’aspect mystérieux.

Des officiers japonais fort civils nous font les honneurs de leur pays, nous mettent en relation