devant une personne au visage, distingué et fin, gantée jusqu’à l’épaule, irréprochablement coiffée en femme comme il faut ; âge indéfinissable, embrouillé de poudre de riz ; longue traîne en satin d’un lilas très pâle, très discret, ornée de guirlandes de petites fleurs naturelles des bois, d’une nuance délicieusement assortie ; corsage formant gaine effilée et couvert d’une broderie rigide en perles changeantes : toilette en somme qui serait de mise à Paris et qui est vraiment bien portée par cette étonnante parvenue. — Alors, je la prends au sérieux et lui adresse un salut correct. — Le sien, correct aussi, est gracieux surtout, et elle me tend la main, à l’américaine, avec une aisance de si bon aloi que je me sens tout à fait conquis.
Rapidement j’inspecte les deux autres femmes au passage. D’abord une mignonne petite, tout en rose mourant, avec des camélias relevant la traîne. Et puis la dernière du groupe, sur laquelle mes yeux se seraient attardés bien volontiers, c’est la marquise Arimasen, jeune personne d’antique noblesse, mariée au grand maître des cérémonies de S. M. l’Empereur : cheveux de jais noir, relevés très haut en un chignon à la clown, suivant la mode de cet hiver-là ; jolis yeux de velours, air de petite chatte adorable ; toilette Louis XV en satin ivoire. C’est d’un effet inattendu, cet alliage de Japon et de xviiie siècle français, ce gentil