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de caste noble, leur teint naturel doit différer assez peu du nôtre…

C’est très vite passé, ce petit cortège, malgré la lenteur de la marche. Je ne vois déjà plus que les dos magnifiquement mouchetés des dames et leurs longs catogans noirs, qui s’éloignent, — au son d’une musique toujours plaintive et inconnue, jouée par les orchestres cachés.

Elles vont, disent les initiés du palais, faire le tour des plates-bandes de chrysanthèmes, par l’allée extérieure tapissée de nattes à leur intention. Alors, pour les revoir de près une seconde fois, je coupe à travers les massifs fleuris, par un petit sentier de jardinage, et m’en vais les attendre là-bas, du côté opposé.

À l’autre angle du parterre, l’impératrice passe encore près de moi, de sa même allure cadencée, posant tranquillement l’une après l’autre sur les nattes blanches ses petites mules rouges. — Son sourire s’est accentué, mais sans s’adresser davantage à personne. Demi-déesse, elle sourit sans doute à l’ensemble des êtres et des choses, à la belle journée qu’il fait, aux belles fleurs qui, pendant l’automne, s’épanouissent sur la terre. Et les mêmes petites fées silencieuses la suivent, souriant aussi dans le vague…


Il y a là, un peu plus loin, dans la direction qu’elles ont prise, un très vaste kiosque, qui est