Elle est de petite taille ; elle marche d’une façon rythmée, dans la religieuse raideur de ses vêtements qui ne laissent rien deviner de sa forme délicate ; la main que l’on aperçoit, celle qui tient l’ombrelle violette, est comme une main d’enfant ; l’autre est cachée sous la rigide manche pagode, si longue, presque traînante. Dans nos pays, avec nos notions sur les apparences des âges, on lui donnerait de vingt-cinq à vingt-huit ans.
Au premier rang, à côté d’elle, en un costume à peu près pareil, passe « mademoiselle Nihéma » l’interprète, celle qui une fois, à certain bal où j’avais invité à danser une princesse qui ne comprenait pas, m’avait répondu à sa place dans un français bizarrement grave. Par contraste, elle a l’expression très vivante, celle-ci ; elle roule de droite et de gauche, sur les invités, ses yeux intelligents et vifs, — tandis que l’impératrice garde son sourire figé et s’avance impassible, saluant légèrement de la tête tous ces gens courbés qu’elle semble à peine voir.
Parmi ces femmes qui suivent en silence, dans un tel éclat de soieries, il y a de bien extraordinaires figures ; quelques laideurs extrêmes, mais jamais déplaisantes ni banales, distinguées toujours. Toutes sont blanches et roses, grâce à d’épaisses couches de poudre nuancées habilement ; mais on devine que là-dessous leur peau doit être fine et jolie. Comme, du reste, elles sont