miroitent et chatoient comme leurs vêtements. Celle qui marche en tête en porte une violette, ornée de bouquets blancs qui doivent être des chrysanthèmes : c’est elle évidemment, l’impératrice !…
Voici qu’elles s’approchent, qu’elles s’approchent toujours ; elles sont arrivées au pied même du tertre, et elles vont commencer à gravir ; mon regard plongeant ne voit plus que les dessus de leurs ombrelles qui cachent leurs figures, et que les bouts de leurs très petites mules, uniformément rouges, qui pointent les unes après les autres en avant de leurs robes. J’entends déjà les frôlements de leurs épaisses soies, tandis que, derrière les bambous, l’orchestre continue, en decrescendo mourant, l’hymne pour leur entrée.
Comment va-t-elle être, cette impératrice que j’ai tant désiré apercevoir ? Je ne sais rien d’elle, si ce n’est que sa maison (les Foudjivara-Itchidjo) remonte, dans la nuit des âges, jusqu’aux dieux primitifs ; qu’elle est née un certain mois de mai, l’année même où je faisais aussi mon apparition sur la terre, au versant opposé ; et enfin qu’elle s’appelle « Harou-Ko », ce qui signifie Printemps.
Avant de parler de ses traits, je voudrais essayer de décrire un peu fidèlement la tenue de cour, — de peur qu’en me lisant on ne se représente ces belles robes japonaises, aujourd’hui si communes en France, qui sont brodées avec un