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d’où la vue plonge de tous côtés sur les lointains boisés du parc ; le lieu est délicieusement paisible ; on y oublie complètement et on n’y comprend même plus cette ville en fête, qui grouille et joue du gong partout alentour.

Sur les côtés du parterre, dans de hauts kiosques légers, et toujours à l’abri des mêmes longues soies violettes étoilées de rosaces blanches, il y a d’autres expositions de fleurs, — d’autres fantaisies sur les chrysanthèmes, pourrait-on dire plutôt, exécutées par des procédés différents et avec des secrets plus extraordinaires. Ici, ce sont des espèces de bouquets montés, comme ceux que l’on met dans nos vases d’église, mais d’énormes bouquets, gros comme des arbres ; les pieds, au lieu de n’avoir qu’une tige, en ont bien une centaine, disposées avec la plus parfaite symétrie autour d’un tronc central ; et, au bout de chaque branche, il y a une fleur largement ouverte, jamais passée, jamais en bouton, toujours au même point de son épanouissement éphémère ; le même jour, évidemment, tout cela, qui a coûté tant de peine, doit se faner et finir. Et chacun de ces chrysanthèmes porte, sur une bandelette de papier, son nom écrit à l’aide de ces caractères savants qui peuvent être lus en deux langues différentes, en chinois aussi bien qu’en japonais ; ils s’appellent le dix mille fois saupoudré d’or, la brume de montagne, le nuage automnal