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viduellement devant une table glaciale, à tapis vert, autour de laquelle sont assis des intendants qui examinent les invitations et les cartes de visite des invités ; ils les examinent d’un œil défiant, — sans cesser toutefois d’être courtois, — et les confrontent avec un grimoire écrit à l’encre de Chine, en colonnes, sur le papier de riz : évidemment, la liste des élus, — qui, du reste, n’est pas longue. Eh bien, il n’est pas accueillant, ce seuil impérial ; on y sent tout de suite que la demeure, jadis plus fermée que les cloîtres et les sérails, n’a pas encore beaucoup l’habitude de s’ouvrir.

Dans des couloirs étroits et bas, qui viennent après, nous nous trouvons maintenant une quinzaine errant à la file, avançant avec hésitation : deux ou trois habits brodés d’amiraux chefs de stations navales, et des habits noirs de princes japonais ou de plénipotentiaires européens. Par gestes, des officiers du palais nous indiquent la direction à suivre : tout droit devant nous. Et lentement, nous marchons comme à la découverte.

Le palais d’un empereur du Japon ! Quel rêve d’originale splendeur ce seul mot est capable d’évoquer dans bien des imaginations parisiennes !… Je suis déjà trop japonisant, moi qui y pénètre aujourd’hui, pour m’illusionner sur ce point ; j’ai déjà vu dans ce pays des habitations