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oriflammes multicolores, leurs dragons rouges, leurs chimères bleues, leurs affiches extravagantes hissées sur de longs bambous ; l’air est plein de découpures et de bariolages, en étoffe ou en papier, qui s’agitent et flottent. Et toujours des chrysanthèmes : des chrysanthèmes en gerbes roses dans des vases de bronze ; des chrysanthèmes en guirlandes blanches devant des maisons ; des chrysanthèmes entre tous les petits doigts et dans tous les chignons des mousmés rieuses…

Mais comme c’est loin, ce palais d’Akasaba, où nous allons ! Mes coureurs s’essoufflent, et nous n’arrivons pas. Les rues se succèdent, et les foules compactes, et les grouillements humains sur les places ; puis viennent des endroits tranquilles, des terrains déserts, des étangs, des avenues ombreuses ; — et de nouveau des rues, du monde, des chrysanthèmes, des saltimbanques, d’assourdissantes musiques…

Et, enfin, dans un quartier où je n’étais pas venu, sur une hauteur isolée, nous voici en face d’une muraille basse, grise et triste, inclinée en dedans comme un solide rempart, et indéfiniment prolongée dans le lointain comme une enceinte de ville. Il paraît que c’est là.

Sans doute, il est bien bas, lui aussi, ce palais, bien écrasé, pour qu’on n’en puisse rien voir d’où nous sommes. Des cimes de vieux arbres dépassent seules ces murs ; cela semble quelque