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provenant d’un arbre spécial, qui a la propriété de ne s’éteindre jamais, mais qui chauffe sans gaieté et répand une indéfinissable senteur endormante.

Et c’est long, toute une journée passée ainsi, jusqu’à l’heure d’un train de retour qui part très tard ; c’est long surtout pour moi qui avais rêvé l’impératrice et ses chrysanthèmes. Voici même que mon désir de voir cette femme s’accroît d’une manière obstinée assez singulière, dans la séquestration de cette après-midi pluvieuse, et tandis que l’occasion unique semble m’échapper… S’il pleut le 10, la fête est supprimée. Mon Dieu, pourvu qu’il ne pleuve pas !

Le 10, le jour se lève calme, tiède, trop tiède même pour la saison, et uniformément voilé d’un crêpe gris. Pourtant le Fusiyama — (ce grand cône volcanique, solitaire, que, depuis des siècles, les Japonais dessinent au fond de tous leurs paysages) — laisse voir là-bas, tout au loin dans le ciel, sa pointe neigeuse. Et c’est un proverbe nippon que, si le Fusiyama s’est montré le matin, il fera beau jusqu’au soir.

Vers onze heures, le voile se déchire par places ; çà et là commence à paraître le vide clair, le vide bleu, — et l’espoir me revient d’être reçu par la souveraine. Du reste, à la gare d’Yokohama, au départ de midi, il y a quelques diplo-