de pareil, c’est un contraste absolu et tout en faveur de ce faubourg étrange.
D’abord, ce ne sont que de grandes maisons d’un aspect quelconque, ouvertes et masquées par des stores ; il s’en échappe, de partout, des bruits discordants, des lambeaux de musique, des raclements de guitares que l’on met au diapason ; on dirait, dans quelque coulisse, les préparatifs d’un immense concert : ce quartier d’entrée est celui des guéchas (musiciennes et ballerines patentées) que l’on loue à grands frais pour les incroyables fêtes qui se donnent, chaque soir, à quelques pas plus loin, dans des rues encore plus belles.
Je mets pied à terre, car nous voici à certain grand carrefour magnifique au-dessus duquel, de droite et de gauche, s’élèvent, brillent au loin, les deux phares indicateurs. Une rue éclairée à giorno, étincelante de lumières et remplie de monde, coupe à angle droit celle par où nous sommes venus ; les maisons qui la bordent sont hautes et régulières, à trois ou quatre étages (chose tout à fait inconnue à Yeddo) ; elles sont surchargées de balcons, de galeries, d’ornements de toute sorte ; plusieurs cordons de gaz superposés, alternant avec des rangs de lanternes rouges, courent le long des façades ; on dirait une illumination de grande fête et, pour surcroît d’éclairage, au beau milieu de la rue, d’autres lampes à gaz, montées sur des colonnes, se suivent en lignes serrées.