tant de ferveur, dans ce pays de rire et de frivolité.
Et tandis que je songe à l’éternel chaos des croyances humaines, le regard aux voûtes, parcourant au hasard les chimères, les images et les symboles qui sont là-haut, mes yeux s’arrêtent sur une pâle et diaphane déesse de la lune, qui sourit comme une morte, peinte en couleurs glacées sur un fond de nuages ; deux pigeons blancs sont perchés sur le haut de son cadre et ont l’air de se baisser pour la contempler aussi…
Eh bien ! malgré cette foule, malgré ces portes ouvertes et ce bourdonnement de causeries inattentives, on éprouve à la longue dans cette grande halle sombre une impression religieuse ; elle est donnée par cet aperçu que l’on a sur la partie profonde du temple et sur les grandes idoles d’or assises dans l’obscurité ; puis par ces battements de mains lancés comme un appel aux êtres invisibles ; par cette vapeur d’encens qui plane ; même par ce bruit continuel de pièces de monnaie jetées en offrande aux dieux et tombant une à une comme une pluie lente qui s’égoutte…
J’irai finir ma journée à l’Uyeno, qui est comme le Bois de Boulogne ou les Champs-Elysées du Japon. C’est à une heure et demie de la Saksa, pour le moins, et je lance au galop mes coureurs ;