bébés graves dans de longues robes, se tenant par la main, s’avançant avec dignité en roulant leurs yeux retroussés de petits chats ; et puis coiffés d’une manière indescriptible, qui fait sourire même longtemps après, quand on retrouve en souvenir leurs minois…
J’irai tout à l’heure, comme tout le monde, dans la pagode saluer les dieux ; mais je veux d’abord m’amuser moi aussi aux boutiques du préau, remplies de choses ingénieuses et drolatiques, de jouets étranges, de bibelots à surprise recélant toujours, au fond, une grimace, une diablerie, — ou même une obscénité, imprévue et terrifiante…
Je m’arrête, avec des bébés nombreux, devant un vieillard à chignon tout blanc qui est accroupi au pied d’un arbre ; dans ses bras nus, décharnés et jaunes comme des bras de momie, il tient une caisse remplie d’images à deux pour un sou, et tous les bébés regardent, l’air captivé, recueilli. Il y a surtout un amour de petite mousmé de six à huit ans, déjà peignée en grand chignon à épingles comme une dame, qui se courbe pour mieux voir, les mains derrière le dos sur sa belle ceinture, et les yeux tout pensifs. Alors je me baisse moi aussi, curieux de ce qui peut les intéresser à un tel point, tous ces innocents. — Oh ! les pauvres petits ! — Ce sont des danses de morts, sur papier de riz, plus épouvantables que