sentant l’huile de camélia rancie, la bête fauve, la race jaune. Et pas une mousmé mignonne ou drôle pour reposer ma vue… Comme je regrette, mon Dieu, de m’être fourvoyé dans cette voiture du peuple !
— La Saksa ! Heureusement c’est fini, nous arrivons.
La Saksa, c’est-à-dire une haute et immense pagode, d’un rouge sombre, et une tour à cinq étages de même couleur, dominant un préau d’arbres centenaires tout rempli de boutiques et de monde. C’est un coin de vieux Japon ici, et un des meilleurs ; il y a du reste, aujourd’hui même, un matsouri (c’est-à-dire une fête et un pèlerinage) ; — je m’en doutais : à la Saksa, c’est presque un matsouri perpétuel. Et des légions de mousmés sont là en belle toilette, des mousmés comiques et des mousmés jolies ; dans tous ces beaux chignons, si bien lissés, qu’elles savent se faire, sont piquées des fleurettes fantastiques ne ressemblant à aucune fleur réelle ; et, au bas de tous ces petits dos frêles et gracieux, déviés en avant par l’abus héréditaire de la révérence, des ceintures de couleurs très cherchées font de larges coques en forme d’ailes, — comme si des papillons énormes étaient venus là se poser.
Naturellement, il y a aussi de ces adorables troupes de bébés en grande tenue, qui abondent toujours au milieu des foules japonaises ; des