À part qu’on est ici en plaine et qu’on ne sent pas autour de soi « l’horreur » des grandes forêts, cette Shiba rappelle un peu la Sainte Montagne que j’ai décrite dans un précédent article.
Ces temples datent du xiie et du xiiie siècle ; ils sont d’une grande magnificence : des portes aux énormes battants de laque et de bronze ; des alignements de girandoles dorées suspendues aux voûtes ; des séries d’enceintes où les murailles, même extérieures, sont en laque d’or fouillée à jour, avec des fleurs fantastiques, des oiseaux, des chimères… En vérité, je comprends l’enthousiasme des visiteurs, en très grand nombre, qui sont venus ici et n’ont pu aller jusqu’à la « Sainte Montagne », voir les sanctuaires incomparablement plus merveilleux, cachés là-bas, dans les régions sauvages du centre.
Mais ils sont bien vieux, ces pauvres temples de la Shiba, et bien fanés ; ils s’en vont ; on y sent la tranquillité et la tristesse d’un abandon sans retour ; des nuées de corbeaux et de gerfauts y tournoient en criant au-dessus de ces cours splendides où tant de monstres d’or dardent du haut des murs leurs yeux louches.
Du reste, ces dernières années, à la suite de je ne sais quelle révolution favorable à la religion de Shinto, le gouvernement japonais voulait les faire démolir et il a fallu l’intervention des ambassades européennes pour les sauver. Et puis les