inventaires de richesses et où le mot or revient fatalement à chaque ligne.
J’ai dit qu’il n’y avait personne dans ces temples, personne que les prêtres gardiens : quelques vieux bonshommes à tête grise et à longs cheveux ; aussi quelques petites filles occupées ce matin à changer les fleurs naturelles, dans ces vases sacrés où depuis des siècles on entretient de sveltes bouquets, hauts sur tige. On n’attendait pas de visites, sans doute, et cependant il y a déjà des fleurs partout : fleurs d’automne, scabieuses et grands chrysanthèmes arrangés là avec ce goût japonais qui leur imprime une certaine élégance à part, très différente de celle que nous saurions leur donner.
Je n’avais encore jamais vu brosser de la mousse. Ici, devant un temple, je trouve deux bonzes occupés à ce travail ; avec des espèces de balais fins, ils époussettent l’incomparable tapis de velours vert qui recouvre les dalles de granit de leur cour, et sur lequel tombent sans cesse, obstinément, les petits piquants bruns des cèdres. À les regarder faire avec tant de soin, on sent qu’ils ont l’admiration de ces mousses et de ces lichens, de tout ce luxe intime de la forêt qui est plus beau à Nikko qu’ailleurs, et que les dieux aiment aussi.
Plus haut, vers les cimes, là où s’arrêtent les avenues bordées de balustres pour faire place aux