Page:Loti - Japoneries d’automne, 1926.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

également en bronze, ayant forme de cloche de pagode, forme de bête accroupie, forme de je ne sais quoi d’inconnu et d’inquiétant, et surmontée d’une grande fleur héraldique étonnante : c’est là, sous cette chose singulière, que s’est décomposé le corps du petit bonhomme jaune qui fut l’empereur Yeyaz et pour lequel tant de pompe a été déployée. Dans ce même enclos, un autel funéraire supporte ces trois objets traditionnels : le brûle-parfums à pans carrés ayant sur son couvercle un « chien-céleste » assis, la cigogne symbolique debout sur la tortue, et le vase avec son bouquet de lotus ; — tout cela en bronze ; tout cela un peu plus grand que nature, la cigogne haute comme une autruche, le brûle-parfums pouvant servir de berceau à un enfant, les feuilles du lotus larges comme des boucliers ; mais tout cela relativement simple après le luxe insensé du temple ; d’une simplicité ruineuse, il est vrai, et très exquise…

Un peu de vent ce matin agite les branches des cèdres, et il en tombe une pluie de petits piquants desséchés, une pluie brune sur les lichens grisâtres, sur les mousses en velours vert et sur les sinistres objets de bronze. Les cascades font leur bruit, qui est comme une perpétuelle musique sacrée, dans le lointain. Une impression de néant et de paix suprême plane dans cette